Quelques dates historiques
1344 : Ubertino da Carrara, prince de Padoue, fait installer sur la plus haute tour d'entrée de la ville une imposante horloge astronomique élaborée par Jacopo Dondi.
1390 : la tour et l'horloge sont détruites par les guerres.
1405 : Padoue tombe sous la domination de Venise.
1423 : le conseil municipal décide que la ville doit avoir son horloge publique.
1428 : le conseil adopte le projet de Novello Dall'Orologio, descendant de Jacopo Dondi et qui possède les plans de l'ancienne horloge détruite
1430 : un contrat est signé avec Giovanni et Giampietro Dalle Caldiere pour la construction d'une horloge qui se veut être identique à celle de Jacopo Dondi.
Découvrons maintenant cette merveilleuse horloge. Au-dessus du lion ailé de Venise, le cadran de 5,60 m de diamètre se compose de 3 cercles concentriques mobiles superposés et plus à l'extérieur de 2 secteurs circulaires fixes. Au centre, la calotte sphérique représente la Terre immobile au centre du mouvement des étoiles, du soleil et de la lune.
Examinons chaque secteur en partant de l'extérieur vers le centre.
Le premier secteur : les heures à l'italienne
Le premier secteur est divisé en 24 parties égales avec des chiffres romains qui représentent les heures de la journée et de la nuit. Ces divisions sont établies à l'italienne, c'est-à-dire comptées de 1 à 24 d'un coucher de soleil à l'autre. La 1ère heure se trouve à droite, c'est-à-dire en direction de l'ouest, où se couche le soleil, si on suppose que le haut du cadran indique le sud.
Cette façon de compter les heures en usage en Italie amène inévitablement à avoir des heures avec des longueurs de temps variables.
Ainsi en été et en automne, la période de 24h se raccourcit parce que l'heure du coucher du soleil avance de jour en jour. En hiver et au printemps, c'est le contraire quand l'heure du coucher du soleil arrive de plus en plus tard.
Le préposé au service et à l'entretien de l'horloge disposait d'une table établie pour la latitude de Padoue qui lui indiquait de combien il devait déplacer l'aiguille pour qu'elle indique correctement la 1ère heure. La table permettait également de déterminer l'heure correspondant à minuit et à midi.
Aux équinoxes de printemps et d'automne, la durée de la nuit et du jour sont identiques : à midi, l'aiguille indiquait donc la fin de la XVIII° heure, c'est-à-dire le haut du cadran donc le sud.
Au solstice d'hiver, le 21 décembre, la nuit dure à Padoue 15h30. Minuit est donc 7h45 après le coucher du soleil et midi, 12 heures après minuit, donc 19h45 après le coucher du soleil. L'aiguille pointe à VIII + 3/4 à minuit et à XX +3/4 à midi. Les heures ne se comptent pas de 0h à 23h mais de la première à la vingt-quatrième : il faut donc rajouter 1. C'est comme les années et les siècles : 1423 mais XV° siècle.
Au solstice d'été, le 21 juin, la nuit dure 8h30 à Padoue. Minuit correspond donc à V +1/4 et midi à XVII + 1/4.
Le deuxième secteur : la sphère étoilée
Ce secteur fixe représente symboliquement la sphère étoilée.
Le troisième secteur : le zodiaque
Le troisième secteur est un disque mobile qui représente la bande des constellations zodiacales. Elle est divisée en 12 parties égales, elles-mêmes divisées en 3 parties de 10° : ce sont les 12 signes de l'horoscope et leurs 3 décans. Le disque accomplit un tour complet dans le sens horaire en 1 jour sidéral. Si la nuit vous observez une étoile par rapport à un repère fixe, c'est la durée après laquelle vous retrouverez la nuit suivante la même étoile au même endroit. Cette durée est plus courte d'environ 4 minutes par rapport au jour solaire. Cela explique pourquoi l'on ne voit pas les mêmes constellations dans le ciel l'hiver et l'été.
Un mouvement différentiel permet d'indiquer le parcours du soleil le long du zodiaque. La photo a été prise le 22 avril 2013. A cette date, le soleil vient de quitter le signe du Bélier pour entrer dans celui du Taureau.
Si vous avez bien observé, vous avez dû remarquer qu'il manque le signe de la Balance et que le Scorpion occupe 2 emplacements La légende populaire voudrait que l'artisan, pour se venger d'un paiement qui n'aurait pas été effectué, se soit vengé en ne réalisant pas le symbole de la Balance.
En fait, c'est une pure légende car pendant l'Antiquité, le signe de la Balance n'était jamais cité en Mésopotamie. Le signe correspondant était celui des Pinces du Scorpion. Le signe de la Balance est d'origine égyptienne. Ce n'est donc pas étonnant qu'on le rencontre à Rome en 46 av. J.C. mais c'est plus tard par les Arabes que ce signe se répandit en Europe.
L'énigme du signe manquant est simple : il n'y a aucun mystère. La bande zodiacale est divisée en 12 signes selon l'usage mésopotamien. Les pinces du scorpion occupent bien un secteur à elles seules : les pinces du scorpion sont les plateaux de la balance.
L'énigme du signe manquant est simple : il n'y a aucun mystère. La bande zodiacale est divisée en 12 signes selon l'usage mésopotamien. Les pinces du scorpion occupent bien un secteur à elles seules : les pinces du scorpion sont les plateaux de la balance.
Le quatrième secteur : les mois et les jours
Le quatrième secteur est un disque mobile où sont indiqués sur le bord intérieur les noms des mois en latin et sur le bord extérieur les quantièmes des jours. Ces derniers sont mis en évidence par une alternance de marques claires et foncées.
L'index de la main au bout de la queue du scorpion indique le jour. On peut lire 22 avril.
Le cinquième secteur : la lune
Le cinquième et dernier secteur est le disque mobile central qui est consacré au mouvement de la lune. Il accomplit un tour complet en 29 jours et demi, soit la durée moyenne d'une lunaison (mois lunaire synodique). Les jours de la lunaison sont indiqués sur le bord extérieur du disque. Au début de la numérotation se trouve une ouverture circulaire qui montre les phases de la lune.
Entre le secteur du zodiaque et celui des mois, le soleil est fixé sur l'aiguille de l'horloge dont l'extrémité en forme de flèche indique l'heure ou plus précisément (si vous avez suivi) la combientième heure qu'il est. Sur la photo, on lit XIIIème heure et 1/2. Le dernier coucher de soleil a donc eu lieu il y a 12 heures et 30 minutes (en supposant que l'horloge soit toujours réglée à l'italienne).
Le soleil est représenté par un disque à face humaine entourée de rayons. Il est libre de tourner de façon à conserver toujours les yeux horizontaux et de fait le nez vertical. Le rayon qui se distingue par sa forme plus étirée, indique l'âge de la lune compté à partir de la nouvelle lune.
Que pouvons-nous lire sur l'horloge concernant la lune ?
Pour savoir si la lune est croissante ou décroissante, il faut la regarder depuis la Terre qui est au centre du cadran.
Cela donne :
Cela donne :
La lune est donc bien croissante contrairement à ce que l'on aurait pu supposer du pied de la tour. Elle n'est pas encore pleine mais a dépassé le 1er quartier. A mi-chemin entre les 2, la lune est gibbeuse croissante ce qui correspond au 3/8 de la lunaison soit à un âge de 11 jours lunaires. La mèche du soleil nous indique 10.
Et que dit le calendrier lunaire de 2013 ? 22 avril , lune gibbeuse croissante âge 11 jours.
Le cinquième secteur : les aspects lune/soleil
Sur le disque central consacré à la lune sont également représentés des traits qui forment des figures géométriques : un hexagone, un carré, un triangle équilatéral et un segment rectiligne. Ces traits définissent la distance en degrés de la lune et du soleil le long du zodiaque ce qui permet de déterminer les aspects utilisés en astrologie : la conjonction (0°), l'opposition (180°), le trigone (120°), le carré (90°) et le sextile (60°).
En astronomie, ces aspects lune/soleil permettent également de déterminer les phases de la lune Ainsi, conjonction à la nouvelle lune, carrés aux quartiers, opposition à la pleine lune, trigones aux 1/3 et 2/3 de lunaison et sextiles aux 1/6 et 5/6 de lunaison.
Notre lune ayant 11 jours cela donne un angle de 135° entre le soleil et la lune : on n'est pas loin du trigone. C'est bien ce que l'on observe sur les photos plus haut. Parmi tous ces traits, seuls ceux issus de la lune ont une utilité pour établir les aspects. Ils possèdent tous un symbole d'ailleurs logiques pour identifier l'aspect : 2 ronds pour l'opposition, 1 carré pour le carré, 1 triangle pour le trigone, 1 étoile à 6 branches pour le sextile. Evidemment, pour la conjonction aucun trait puisque la distance angulaire est nulle.
Le passage à l'heure à la française
A la fin du du XVIII° siècle, il fut décidé d'utiliser l'heure dite à la française comme c'était alors l'usage ailleurs en Europe. Et oui, à la française c'est comme cela qu'est appelée la division du cadran en 12 heures égales mesurées de minuit à minuit avec le chiffre 12 en haut. Cela n'a pas été fait sans difficulté étant donné la réticence des habitants. Pour cela, le cadran originel fut recouvert de plaques métalliques divisées en 12 heures avec évidemment le 12 en haut.
En 1944, durant un long bombardement, des morceaux de l'horloge tombèrent sur la place. Lors des restaurations successives, les plaques avec les heures à la française furent abandonnées et c'est d'ailleurs mieux ainsi. Mais, l'aiguille est maintenant synchronisée pour marquer les 24 heures légales. La 1ère heure n'est plus la première heure après le coucher du soleil mais la première heure après minuit, celle qui commence par 00 sur les montres digitales. C'est comme pour les siècles, cela fait un peu de gymnastique cérébrale mais de quoi louper son rendez-vous. Rappelez-vous nous avons vu que l'aiguille de l'horloge indiquait XIII + 1/2 ce qui donne comme heure 12h30.
Heureusement 4 trous circulaires ouverts aux 4 angles du cadran dans la 2ème moitié du XIX ° siècle sont bien utiles : ils indiquent en haut l'heure et en bas la date.
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